À Namur, par exemple "Li bia bouquet", hymne national au confluent de la Meuse et de la Sambre, se charge de rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, on cauzait encore wallon au coin du feu. Enfin, on cauzait à Namur, parce qu’à Liège, on djazait plutôt et à Charleroi, on dèvizait. Ce n’est pas la moindre des richesses de la langue wallonne, ces particularités qui font que de ville en ville, les mots changent, les expressions aussi. À l ‘époque du tout à l’anglais et de l’obsession de l’universalité aseptisée à la sauce internet, cet attachement à la langue wallonne pourrait paraître désuet et vainement nostalgique. Mais voilà, le wallon, il fait partie de nos racines, de notre patrimoine. Il est ancré, qu’on le veuille ou non. Et, il faut bien l’avouer, preuve que ce wallon nous tient aux tripes, et pardon à ma maman, lorsqu’un juron doit sortir dans des circonstances extrêmes, il prend fréquemment des intonations et combinaisons sonores bien wallonnes.
Le wallon mérite donc tout notre respect et il est bon de le savourer surtout lorsqu’il est bien dit, truffé d’expressions succulentes. Et là, il faut quand même remettre une mention spéciale à toutes ces troupes de théâtre amateur qui rendent binaujes les spectateurs qui veulent retrouver tout le sel du parler des grands-parints, des mon.nonkes ou matantes. Ce wallon nous rapproche. Quelle puissance dans un èm’pètit pouyon bien placé ou un vï soçon accompagné d’une bonne tape dans le dos! Avec ça, on n’a plus qu’à être eûreûs come èl pèchon dins l’eûwe, ossi contint qu’on bossu r’dressi.
Cette langue-là, alerte, vivante et imagée, qui sent la connivence et la fête, correspond fondamentalement à l’identité wallonne. Elle est riche des différences que chaque ville lui donne tout en étant facteur d’unité même si des débats épineux et linguistiques surgissent parfois (genre comment faut-il écrire pékèt, péket ou pèkèt?).
Quoi qu’il en soit, bonne fête à tous car comme on dit, «ci n’èst nin tos lès djoûs fièsse».