Tout sentiment de cœur humain lui semblait infiniment respectable et, lorsque le 25 mai 1896, on lui décerna un diplôme d'honneur à la quarante-quatrième séance tenue au Cirque d'Hiver par la Société protectrice des animaux, il se sentit très fier, dit-il.
On lui avait demandé de représenter le Ministre de l'Instruction publique. Son discours fut d'une grande simplicité mais ce fut aussi l'occasion pour Zola de déclarer que cette tendresse fraternelle qu'il éprouvait pour les bêtes était née avec lui, qu'il n'avait jamais fait aucun effort pour l'avoir.
" La vérité, dit-il, est que tout le monde aime les bêtes seulement il y a des gens qui ne savent pas qu'ils les aiment. Vous imaginez-vous la nature sans bêtes, une prairie sans insectes, un bois sans oiseaux, les monts et les plaines sans êtres vivants ? Représentez-vous un instant l'homme seul et, tout de suite quel immense désert, quel silence, quelle immobilité, quelle tristesse affreuse ! Ne vous est-il pas arrivé de traverser quelque lande maudite, d'où la vie des bêtes s'est retirée, où l'on n'entend ni un chant, ni un cri, ni le frôlement d'un corps, ni le palpitement d'une aile ? Quelle désolation, comme le cœur se serre, comme on hâte le pas, comme on se sent mourir d'être seul, de ne plus avoir autour de soi la chaleur des bêtes, l'enveloppement de la famille vivante ! Et qui donc peut dire qu'il n'aime pas les bêtes, puisqu'il a besoin d'elles, pour ne pas se sentir seul terrifié et désespéré ? ".
Et continuant à développer sa pensée, Zola ajoutait :
" Aimons-les parce qu'elles sont l'ébauche, le tâtonnement l'essai d'où nous sommes sortis, avec notre perfection relative ; aimons-les parce que s'il y a autre chose en nous, elles n'ont en elles rien qui ne soit nôtre ; aimons-les parce que, comme nous, elles naissent, souffrent et meurent ; aimons-les, parce qu'elles sont nos sœurs cadettes, infirmes et inachevées, sans langage pour dire leurs maux, sans raisonnement pour utiliser leurs dons ; aimons-les parce que nous sommes les plus intelligents, ce qui nous a rendu les plus forts ; aimons-les, au nom de la fraternité et de la justice, pour honorer en elles la création pour respecter l'œuvre de vie et faire triompher notre sang, le sang rouge qui est le même dans leurs veines et dans les nôtres ".
Le président de la Société, M. UHRICH, le félicita du " courage " qu'il montrait en venant à cette séance !
" Je ne savais pas faire preuve de vaillance ", écrit Zola quelques jours plus tard, dans son article du Figaro, " car la cause des bêtes pour moi est plus haute, intimement liée à la cause des hommes, à ce point que toute amélioration dans nos rapport avec l'animalité doit marquer à coup sûr un progrès dans le bonheur humain. Si tous les hommes doivent être heureux un jour sur le terre soyez convaincus que toutes les bêtes seront heureuses avec eux ".
Petit rappel:
La famille de Zola était originaire de Zara, en Dalmatie. L’arrière grand-père d’Emile Zola, Antoine était capitaine des Fauté, au service de la république de Venise. Son fils Demenius-Charles, s’est épris de Nicoletta Bondioli, jeune fille grecque de Corfou, et de cette union est né le 8 août 1795, à Venise, François Zola le père d’Emile.
J'aime bien ces phrases de Zola et surtout la "perfection relative" des humains par rapport aux animaux...
RépondreSupprimercoucou,
RépondreSupprimerDANIELLE,
J'adore "ZOLA",
quel bel article,
pour ton livre,
oufffffff,
je commencais a etre inquiete,
note bien,
qu'il s'en passe des choses,
sur les trottoirs !!
de jolies choses parfois (mdr)
belle et douce journée a toi, bizzzzz