Ce
qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance.
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle. (...)
Et je n'en reviens pas.
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle. (...)
L'Espérance
est une petite fille de rien du tout.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne.
Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière.
Qui joue encore avec le bonhomme Janvier.
Avec ses petits sapins en bois d'Allemagne couverts de givre peint.
Et avec son bœuf et son âne en bois d'Allemagne.
Peints.
Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas.
Puisqu'elles
sont en bois.
C'est
cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.
Cette
petite fille de rien du tout.
Elle
seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.
(...)
Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera
Dans le futur du temps et de l'éternité.
Sur
le chemin montant, sablonneux, malaisé.
Sur la route
montante.
Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes
sœurs,
Qui la tiennent pas la main,
La petite
espérance.
S'avance.
Et au milieu entre ses deux grandes
sœurs elle a l'air de se laisser traîner.
Comme une enfant qui
n'aurait pas la force de marcher.
Et qu'on traînerait sur cette
route malgré elle.
Et en réalité c'est elle qui fait marcher
les deux autres.
Et qui les traîne.
Et qui fait marcher
tout le monde.
Et qui le traîne.
Car on ne travaille
jamais que pour les enfants.
Et
les deux grandes ne marchent que pour la petite.
Charles
Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912
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